Maria Konnikova – Conseils pour Jouer des Tournois de Poker en Live

Se Préparer pour une Longue Journée de Tournoi – Votre Corps

Cela peut paraître un peu bête et la première fois que j’ai entendu ça, je n’ai jamais pensé que cela pourrait être utile, mais c’est l’un des conseils les plus utiles que j’ai reçu : bien manger et faire de l’exercice. Si vous discutez avec les pros des très hautes limites qui font régulièrement des tables finales et gagnent ces tournois, vous vous rendrez compte qu’ils sont physiquement très en forme. Chaque jour pendant ces tournois, ils trouvent le temps de faire de l’exercice et d’inclure cet effort dans leur routine. Vous allez être assis à la table pendant de longues heures et il est très difficile de se concentrer et bien jouer si vous êtes en mauvais condition physique.

Chaque jour, quelles que soient les circonstances, même si je suis fatiguée, je m’assure de faire du yoga. Lors du PCA National, le tournoi que j’ai gagné, j’ai joué pendant 3 jours de suite et l’adrénaline était au plus haut. J’avais besoin d’optimiser mon sommeil, donc j’ai trouvé le moyen de changer ma routine yoga, en la faisant passer de 1 heure à 15 minutes. De cette façon, j’ai pu dormir autant que possible tout en faisant de l’exercice.

Bien manger : cela a été dit des centaines de fois, mais il est vrai que bien manger aide votre cerveau. Il y a beaucoup de recherches qui ont été faites au niveau physiologique et psychologique sur les connexions entre le corps et le cerveau. Entraîner votre corps est important. Mais ce que vous mettez à l’intérieur l’est tout autant.

Etat d’esprit émotionnel

J’essaie de méditer au moins 10 minutes chaque jour. Si vous débutez dans la méditation, il existe tout un tas d’applications qui peuvent vous aider, comme Head Space. Fedor Holz possède également une appli nommée Primed Mind développée en collaboration avec des joueurs de poker. Il existe beaucoup d’outils destinés aux joueurs de poker pour les aider à trouver le bon état d’esprit et cela ne prend que 10 minutes par jour.

Si vous n’avez jamais médité avant, essayez de vous y mettre avant de jouer un tournoi. Faites en sorte d’avoir une routine claire avant le tournoi.

Conseil Bonus : le thé vert possède une substance appelée L-théanine, très bonne pour un état mental stable.

Dormir est tout aussi important. Il est très tentant à la fin d’un Day 1, quand l’adrénaline est à son maximum, de sortir pour se défouler. Mais cela ne vous fera aucun bien. Prenez le temps de prendre un dîner équilibré, allez dans votre chambre et dormez. Essayez d’accumuler le plus de sommeil possible, car c’est ce qui va vous maintenir en forme.

En prenant soin de votre corps, vous aurez un avantage sur les joueurs qui ne dorment pas bien, qui font la fête jusque tard et mangent mal. Vous serez surpris de voir à quel point cela fait une différence.

 

Gérer le Tilt

Etape 1 :

Tout d’abord, vous devez comprendre quand et pourquoi vous tiltez. Cela peut être :

  • Quand vous prenez un bad beat ?
  • Quand vous jouez mal une main ?
  • Quand quelqu’un essaye de vous parler ou, au contraire, vous ignore ? Est-ce une personne en particulier ?
  • Quand vous gagnez un gros pot et commencez à jouer de manière irrationnelle ?

Il est important de vous rendre compte que le tilt n’implique pas forcément des émotions négatives. Cela veut simplement dire que vous utilisez ces émotions au moment de prendre vos décisions. Pour certaines personnes, le pire des tilts intervient quand elles font de grosses erreurs car elles ont beaucoup de jetons.
#HappyTilt

Etape 2 :

Après, vous devez trouver quoi faire quand vous commencez à sentir le tilt poindre et ce qu’il implique dans vos prises de décisions :

  • Commencez-vous à prendre moins de risques ?
  • Au contraire, commencez-vous à prendre plus de risques ?

Si vous sentez que vous commencez à laisser vos émotions prendre le dessus dans vos prises décisions à la table, levez-vous et prenez une pause. Si vous êtes en colère, frustré, fatigué ou dans un état qui affecte votre jeu, faites un break de 5 minutes, allez marcher et prendre l’air.

Oui, vous allez vous absenter pendant quelques mains, mais statistiquement, vous n’aurez pas les as et si c’est le cas, espérons qu’ils font partie des 20 % du temps où il se font craquer. Ces 5 minutes pourraient donc vous sauver de vous-même – et de votre tilt – mais aussi d’un bad beat.

Identifiez les joueurs en Tilt

Quand un adversaire part en tilt, il peut réagir de plusieurs façons.

  1. Certains joueurs commenceront à jouer plein de mains pour tenter de récupérer au plus vite les jetons perdus.
  2. D’autres voudront au contraire protéger leurs jetons et ne joueront plus aucune main.

C’est là que la stratégie intervient. Vous allez vous ajuster et jouer de manière très différente face à ces deux types de joueurs.

Si un joueur en tilt joue trop de mains, vous pouvez commencer à le titiller, le 3-bet plus light, relancer plus fort quand vous touchez une main. Si un joueur devient surprotecteur et ressert son jeu (par exemple, il n’a pas joué une main depuis une heure), le surrelancer light n’est pas forcément une bonne idée.

S’adapter au tilt des adversaires doit faire partie de votre stratégie. Cela vous donnera des opportunités insoupçonnées de gagner des jetons. Le contraire est vrai aussi, vos adversaires s’adapteront si vous tiltez ou si vous changez votre jeu pour une quelconque raison.

Jouer contre les Pros

Certaines personnes ont peur de voir débarquer un joueur professionnel à la table. Mais vous devriez au contraire vous considérer comme chanceux. C’est une super opportunité, surtout en début de tournoi quand les tapis sont profonds et qu’il n’est donc pas nécessaire de les affronter, d’apprendre des meilleurs.

Observez les, regardez ce qu’ils font :

  • Voyez ce qu’ils font qui vous met mal à l’aise (dans le jeu).
  • Comment mettent-ils les autres joueurs dans des spots difficiles ?
  • Pourquoi ces spots sont-ils compliqués ?
  • Qu’est-ce que les autres joueurs font mal pour se retrouver dans ces spots difficiles ?
  • Comment accumulent-ils des jetons ?
  • Comment évitent-ils de perdre tout leur tapis ?

Analysez leur comportement et voyez ce que vous pouvez en apprendre, pour faire passer un cap à votre jeu. Voyez ce que vous pouvez incorporer à votre jeu. Ce genre de comportement vous permettra également de passer au-dessus de votre nervosité.

« La patience et l’observation sont deux des qualités les plus sous-estimées au poker. »

Si vous vous ennuyez à une table de poker, c’est que vous ne captez pas assez d’informations. Si vous observez attentivement vos adversaires et prenez des notes dans votre tête, vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer. Le défi que je vous lance est donc d’observer plus attentivement et de ne jamais vous ennuyer.

Tells en Live

Personnellement, je ne conseille pas de porter des lunettes de soleil. Je pense que vous passez à côté de plus d’informations que vous n’en protégez. Voilà mon point de vue psychologique là-dessus : vos yeux sont en fait la chose la moins importante à cacher.

Les gens sont très bons pour contrôler leurs expressions faciales, car c’est ce que font les humains la plupart du temps. Nous sommes bien moins efficaces dans le contrôle des autres parties du corps. Vous donnez en effet beaucoup plus d’informations de plein d’autres façons, comme :

  • La façon dont vous vous asseyez
  • Votre posture
  • Vos mains
  • Vos pieds
  • La façon dont vous gérez vos jetons
  • La façon dont vous respirez

Donc, quand vous cachez vos yeux derrière des lunettes de soleil, vous vous empêchez de voir ces tells chez les autres tout en ne masquant aucun tell réel chez vous.

Soyez Conscient de votre Image à la Table (ET ADAPTEZ-VOUS)

Une fois, je me suis assise à une table et dans la première heure j’ai reçu trois fois les as et deux fois les rois. Je recevais de grosses mains en permanence. Mais parce que je n’allais jamais à l’abattage et parce que les autres joueurs ne voyaient pas mes mains, tout le monde pensait que je jouais comme une maniaque. sur la plupart des mains, je plaçais des 3-bet, des 4-bet et même des 5-bet, donc j’avais l’image d’une joueuse complètement folle. Et maintenant qu’ils me croient folle, je peux exploiter ça.

D’un autre côté, je peux m’asseoir à une table et connaître un désert de cartes. Tout le monde pensera donc que je suis très serrée alors que je ne reçois que des 72o, J3o, etc. Je peux exploiter ça en plaçant des 3-bet light.

« observez-vous du point de vue des autres joueurs »

La clé est d’être conscient de votre image à la table et de vous ajuster pour en tirer avantage. Si vos adversaires pensent que vous êtes loose, vous pouvez overbet vos très grosses mains. Si au contraire vous avez l’image d’un joueur serré, vous pouvez élargir votre range et 3-bet plus souvent.

Toutes les 30 minutes, je fais dans ma tête un bilan de ma personne :

  • Combien de mains ai-je joué ?
  • Combien de mains sont allées au showdown ?
  • Qu’est-ce que les autres joueurs ont vu de mon jeu ?
  • Comment me perçoivent-ils à partir de ces informations ?

Allez vers les autres Joueurs

Parler avec les autres joueurs à la table ne rend pas seulement la journée plus agréable. Cela vous aide aussi à capter tout un tas d’informations sur eux. Vous pourriez vous rendre compte qu’ils sont très stressés ou très contents à propos de quelque chose (hors poker) et que cela pourrait affecter leur jeu.

Cela peut aussi vous aider à éviter de tilter, car si quelqu’un se comporte de manière déplacée avec vous et vous savez que ce n’est pas à cause de vous, vous n’aurez pas à le prendre personnellement.

La dynamique peut changer quand les joueurs commencent à parler à la table. Je me suis assise à une table à l’ambiance assez triste une fois, puis un joueur s’est assis et dans l’heure qui suivait tout le monde rigolait et s’amusait. Certains joueurs ont dit qu’ils ne s’étaient jamais autant amusés à une table. Et c’est ça le poker au final, s’amuser.

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Autres Conseils pour les Tournois en Live

Bluffer – Si vous ne vous faites jamais attraper à bluffer, c’est que vous ne bluffez pas assez. Avant j’étais embarrassée quand je me faisais prendre à bluffer avec hauteur 4. Maintenant quand je me fais attraper, je souris et retourne fièrement ma hauteur 4, car cela veut dire que je bluffe suffisamment. Je suis plus susceptible de me faire payer mes grosses mains une fois que les autres joueurs ont vu ce move.

 

Analyse de Mains – Quand je joue, j’écris toutes les mains que je joue. J’en parle après le tournoi avec mon coach. Dans votre cas, vous pouvez les poster sur des forums, engager un coach ou en parler avce des amis. Au début, mon coach me disait que je ne notais pas les bonnes infos d’une main, donc j’ai dû vite progresser. Voilà tous les détails à noter :

  • Vos Cartes.
  • Qui est à la table.
  • Votre position et celle de vos adversaires.
  • Qui est dans la main.
  • Le tapis de chaque joueur.
  • Le niveau de blinds.
  • Combien de mains votre adversaire a joué au cours de la dernière heure.

Sur mon téléphone, j’ai toujours un document ouvert où je note le siège de chaque joueur et des appréciations sur eux. Donc quand j’écris mes mains, je peux me servir de ces notes. Vous pouvez aussi prendre des photos pour vous souvenir qui est qui.

Ne cataloguez pas les joueurs trop vite – Un peu plus tôt, j’ai mentionné une situation où les autres joueurs me prenaient pour une maniaque alors que je ne faisais que recevoir beaucoup de grosses mains. Si vous cataloguez un joueur comme maniac trop tôt, vous pourriez vous retrouver en difficulté. Vous avez besoin d’un plus gros échantillon pour juger correctement un joueur.

Ne jouez pas tout votre tapis quand vous êtes deep – Dans les tournois turbo, vous serez rapidement peu profonds, donc vous devez prendre les choses en main. Dans les tournoi deep stack avec 300 blinds et des niveaux d’une heure, vous ne devez pas vous retrouver à tapis, à moins que ce soit avec les as pré-flop ou les nuts post-flop. Un très bon spot avec 50 blinds peut être désastreux avec 300 blinds.

Ne prenez pas de décisions instantanées – Prenez toujours 10 secondes avant d’agir, même quand vous vous couchez. Cela vous incite à ne jamais prendre de décision instantanée. Posez-vous toujours la question, que puis-je faire ? Et pourquoi je le fais ? Sinon vous vous direz « je relance toujours mon tirage couleur max ici ». Ces 10 secondes peuvent vous éviter de faire des erreurs. Plus facile à dire qu’à faire, mais ces 10 secondes m’ont évité de sauter de beaucoup de tournois.

Jouer pour la première fois/Gérer sa nervosité – La première fois que j’ai joué en live j’étais incroyablement nerveuse. La meilleure chose à faire est de jouer des tournois à plus petits buy-ins pour vous habituer au jeu. J’aime me concentrer sur l’action et observer les autres joueurs. Vivre l’instant et se concentrer sur tout ce qui se passe vous oblige à aller au-delà de votre nervosité.

Quand vous faites une grosse erreur, passez à autre chose – J’ai commencé la table finale du PCA National avec le 2e ou 3e plus gros tapis. J’ai fait une très grosse erreur en surjouant les as et me suis retrouvée short stack à 9 joueurs restants. Mon coach regardait la partie et m’a envoyé ce texto :

« Oui, tu as fait une grosse erreur, on peut en parler plus tard, mais maintenant oublie cette main et passe à autre chose. Concentre-toi sur ce que tu as et quelle est la stratégie optimale avec cette taille de tapis ».

Si je m’étais concentrée sur la terrible erreur que j’ai faite, je ne me serais pas concentrée comme il faut sur la partie et j’aurais certainement sauté en 8e ou 9e position. Donc je me suis adaptée. Je ne jouais plus un poker deep stack, j’étais short stack. Et j’ai gagné le tournoi.

J’espère avoir la chance de vous affronter aux tables.

Maria Konnikova
PokerStars Team Pro