Limit hold’em – Le flop
Le flop est un moment décisif dans chaque main. Trois cartes sont dévoilées au milieu de la table et vous pouvez former votre main de cinq cartes pour la première fois. La force de votre main peut ainsi changer de façon drastique. Même en ayant checké en big blind avec 7♠ 2♥ , vous pouvez soudainement vous retrouver avec une très belle main sur le board 7♣ 7♥ 5♦ , avec un brelan de sept. D’un autre côté une très belle main de départ comme QQ peut soudainement avoir l’air faible sur un flop A-K-5, car vous ne possédez qu’une paire de dames avec un as comme kicker et tous vos adversaires ayant un A ou un K vous battront donc à ce stade de la main. Il est donc important de réévaluer sa propre main sur le flop et d’ajuster sa stratégie en fonction des nouvelles conditions du jeu. Nous vous expliquons dans cet article comment y parvenir et quels sont les éléments à prendre en compte.

Évaluation des mains et stratégies
Il est utile de diviser les mains obtenues au flop en plusieurs catégories. Pour chaque catégorie nous vous donnerons un conseil quant à la stratégie de jeu. La distinction entre mains faites et mains à tirage est ici très importante. Si vous possédez au moins une paire et donc une chance raisonnable de gagner la main sans avoir à l’améliorer, vous êtes alors en possession d’une main faite. Si au contraire votre main n’est pas si forte, mais vous avez quand même de bonnes chances de l’améliorer, vous êtes alors sur un tirage.
- Exemple de main faite :
Vous possédez A♣ K♣ et le flop est K♦ 10♠ 5♠ . Votre main faite est K♣ K♦ A♣ 10♠ 5♠ , une paire de rois avec un as en kicker.
- Exemple d’une main à tirage :
Vous possédez A♣ K♣ et le flop apporte 10♣ 5♣ 4♠ . Vous avez déjà quatre trèfles, et il ne manque qu’un seul trèfle pour compléter votre couleur, avec encore deux cartes à venir.
Mains faites fortes et très fortes
Celles-ci incluent : la top paire, c’est-à-dire une paire de dames ou plus, avec le meilleur kicker, les over paires (JJ ou plus) et les doubles-paires ou les mains supérieures. Si vous possédez une main de ce calibre vous devriez presque toujours miser ou relancer et très rarement vous coucher.
- Exemple:
Vous possédez A♠ Q♠ en milieu de parole et vous relancez. Seul le bouton call. Le flop arrive avec Q♥ 10♥ 5♠ , vous avez la top paire avec le meilleur kicker possible. Vous détenez de ce fait une très grosse main et misez. Votre adversaire relance. La force de votre main est suffisante pour vous permettre de sur-relancer.

Mains faites marginales
Celles-ci incluent : la top paire sans gros kicker, les petites over paires (les paires servies en dessous de JJ, mais supérieures à la plus forte carte du board), ainsi que toutes les autres paires.
Si vous possédez une des meilleures mains de cette catégorie (top paire ou over paires) vous devrez dans la plupart des cas miser une fois, mais rester prudent si vous êtes relancés. Il est souvent préférable de checker. Vous pouvez également suivre si un adversaire mise. Si il y a relance vous devrez coucher votre main.
- Exemple I:
Vous possédez Q♣ J♠ au bouton. Un joueur en milieu de parole suit. Vous suivez également, ainsi que les small et big blinds. Le flop propose J♥ 10♣ 2♠ , vous donnant ainsi la top paire. Vos trois adversaires checkent indiquant qu’aucun d’eux ne possède une main particulièrement forte. Vous êtes donc probablement devant et devriez miser. Cependant la small blind relance et les deux autres adversaires se couchent. Il est maintenant préférable de jouer prudemment et de simplement suivre.
- Exemple II:
Vous êtes assis en big blind avec A♠ 8♥ . Deux joueurs en milieu de parole suivent et vous checkez. Le flop propose J♠ 8♣ 6♦ . Vous checkez votre paire de huit, le joueur suivant mise et l’autre adversaire se couche. La mise de votre adversaire indique qu’il a touché au flop. Mais il se peut qu’il ait une paire inférieure ou un tirage. Vous devez alors agir avec prudence. Il est donc préférable de simplement payer et d’observer comment la main se développe.
- Exemple III:
Vous possédez 3♥ 3♣ au cut-off. Un joueur en début de parole suit et vous suivez également. Le bouton et la small blind se couchent, la big blind checke. Le flop propose K♣ 10♥ 7♠ . La big blind checke et votre adversaire en début de parole mise. Votre situation est ici bien moins bonne que dans l’exemple précédent. Votre paire est bien inférieure et seulement deux cartes pourront améliorer votre main (3♦ et 3♠ ). Il est donc préférable dans ce cas de se coucher.
Mains à tirages fortes et très fortes
Celles-ci incluent : les tirages couleurs, tirages quinte par les deux bouts et les combinaisons des deux. Dans ce derniers cas on parle d’un double tirage ou plus (exemple I) ou d’une paire avec un tirage (exemple II).
- Exemple I:
Vous avez K♠ Q♠ sur un board J♠ 9♥ 4♠ . Dans ce cas vous possédez un tirage couleur et un tirage quinte par le ventre. Vous avez également deux over cartes. Donc également la possibilité de toucher la top paire au turn ou à la rivière.
- Exemple II:
Vous avez A♥ 8♥ sur un board K♥ 8♠ 5♥ . Vous possédez ici un tirage couleur et une paire de huit. Même si votre paire n’est pas la meilleure main à cet instant vous avez également deux outs supplémentaires pour former un brelan ou une double paire.
En général vous devrez utiliser vos deux cartes privatives pour former une couleur. S’il existe déjà trois cartes pour une quinte ou une couleur sur le board, le tirage est alors faible et marginal. Étant donné que tous vos adversaires peuvent utiliser ces cartes sur le board, les chances sont qu’un de vos adversaires forme une main meilleure que la vôtre.
Les mains avec tirages multiples sont souvent plus fortes que les mains faites. Dans plus de 50% des cas K♠ Q♠ l’emportera contre A♣ J♣ sur un board J♠ 10♥ 4♠ , car souvent un Pique, un As, un Roi, une Dame ou un 9 apparaîtront. Toutes ces cartes améliorent votre main pour former une couleur, une quinte ou la top paire. Cela signifie que vous pouvez jouer de telles mains de façon très agressive et qu’il est le plus souvent préférable de miser ou de relancer. Si vous forcez vos adversaires à se coucher vous augmentez alors votre chance de remporter la main et pourrez même gagner la main sans arriver au showdown (si tous vos adversaires se couchent).
- Exemple:
Vous possédez au bouton A♠ K♠ . Un joueur en début de parole suit et vous relancez. La big blind et l’adversaire en début de parole suivent. Le flop propose 10♠ J♦ 2♠ . La big blind mise et le joueur en début de parole suit. OK, vous n’avez pas de paire, mais vous avez le tirage couleur max et un tirage quinte par le ventre (une Dame au turn ou à la rivière vous donnerait une quinte) ainsi que des over cartes. Cela signifie que 18 cartes peuvent vous donner la top paire ou au dessus. Vous avez donc de très bonnes chances de gagner et il est donc préférable de relancer.
Si vous détenez cependant une petite couleur ou un tirage quinte et que deux cartes d’une même couleur apparaissent sur le board, vous devrez alors être très prudent. Vous devez certainement miser, mais relancer n’est pas forcément une bonne idée.
- Exemple:
Vous êtes au bouton et vous possédez 10♠ 9♠ . Un joueur en milieu de parole suit, vous suivez également, la petite blind se couche et la big blind checke. Le flop propose A♠ J♠ 2♦ . La big blind checke et votre adversaire en milieu de parole mise. Si vous touchez votre couleur vous gagnerez certainement, mais dans le cas contraire vous n’avez pas d’autres moyens d’améliorer votre main. Il est donc préférable de simplement caller. Se coucher n’est pas une bonne décision car vous avez 33% de chances de toucher votre couleur.
Tirages marginaux
Ceux-ci incluent : tirage quinte par le ventre, over cartes et combinaisons des deux, plus tirage quinte par les deux bouts quand vous ne détenez qu’une seule carte de la quinte dans votre main (par exemple: sur un board ), et les tirages couleurs avec seulement une de vos cartes utilisée qui est au moins un ou plus.
Certaines mains de cette catégorie peuvent être très fortes comme par exemple: sur un board . La combinaison d’over cartes, du tirage quinte par le ventre et des trois cartes pour former une couleur vous apporte une main assez bonne. Normalement vous devriez checker ou vous coucher en cas de tirage marginal.
- Exemple:
Vous possédez J♠ 10♠ en position de big blind. Le bouton relance, la small blind se couche et vous suivez. Le flop propose . C’est une main faible et vous checkez. Vous ne possédez que 4 outs (les quatre rois) pour former une quinte, et donc très peu de chances de remporter la main sans une quinte. Il est par conséquent préférable de se coucher.

Mains faibles et tirages faibles
Ceux-ci incluent toutes les mains qui n’ont pas encore été mentionnées, ainsi que les tirages couleurs avec trois cartes sur le board de la même couleur quand vous ne possédez qu’une petite carte de la couleur ( ou inférieur) en main. Ces mains n’ayant aucun intérêt il est préférable de se coucher ou de checker.
Les autres facteurs importants
Pour évaluer correctement la situation, il n’est pas suffisant de se focaliser uniquement sur sa main. Dans cette section nous analyserons les autres facteurs à prendre en compte.
La texture du board
Il existe deux types de flop, les flops dangereux (appelés en anglais «wet») et les flops sans danger (appelés «dry»). Les flops «wet» offrent à vous et à vos adversaires la possibilité de former une grosse main ou un gros tirage tandis que les flops «dry» offrent peu de chances à vos adversaires de former une grosse main.
Toutes les cartes hautes sont dangereuses quand elles apparaissent au flop (un A est toujours dangereux, à moins que vous n’en possédiez un vous-même), les cartes connectées ou d’une même couleur le sont également. À contrario, les petites cartes, les paires sur le board, les cartes non connectées et trois cartes de couleurs différentes ainsi que la combinaison d’une grosse carte (K, Q ou J) et de deux petites cartes sont souvent sans danger.
- Exemple de flop dangereux:
Un flop J♥ 10♥ 9♥ . Trois cartes connectées, un tirage couleur possible et des cartes relativement hautes.
- Exemple d’un flop moyen:
Un flop Q♥ 10♠ 4♣ . Deux cartes hautes connectées sur le board. Mais d’un autre côté les cartes sont de couleurs différentes.
- Exemple de flop sans-danger:
Q♠ 7♥ 3♣ . Une seul carte haute sur le board, un gros écart entre les hauteurs des cartes et des cartes de différentes couleurs.
Plus le board est dangereux, plus les chances que votre adversaire possède une grosse main sont importantes. Lorsque le flop est sans danger, aucun de vos adversaires ne peut posséder une main forte. Il est par conséquent improbable d’avoir à faire à des mains supérieures à une paire.
Le nombre d’adversaires
Plus il y a de joueurs impliqués dans une main, plus la probabilité qu’un joueur possède une main qui vous batte sera élevée. C’est pour cela que vous devez jouer plus prudemment avec une main marginale ou une bonne main. Une main comme une paire moyenne est souvent suffisante pour tenir contre un seul adversaire, mais si vous faites face à trois adversaires ou même davantage vous devrez simplement checker ou vous coucher. Avec une très grosse main (un brelan ou mieux), c’est beaucoup moins inquiétant et vous pouvez bénéficier du grand nombre d’adversaires pour faire gonfler le pot. Si vous êtes sur un tirage avec une très forte main en perspective, vous bénéficierez aussi souvent du grand nombre d’adversaires car si vous touchez votre carte vous remporterez un gros pot. Si au contraire vous ne touchez pas votre tirage vous serez presque toujours perdant et cela quel que soit le nombre d’adversaires présents.
- Exemple I:
Vous possédez K♠ 6♥ en big blind. Cinq joueurs suivent, la small blind se couche et vous checkez sur le flop K♥ 10♥ 7♣ . Contre un ou deux adversaires vous auriez misé. Mais avec autant d’adversaires encore en lice il existe de grandes chances que l’un d’eux possède un K avec un meilleur kicker ou même une plus grosse main. Vous décidez donc de checker. L’adversaire suivant mise, deux joueurs suivent et deux autres adversaires se couchent. Maintenant après qu’un adversaire ait misé et que deux autres aient suivi il est encore plus vraisemblable que vous soyez battu. Et même si vous êtes encore devant, vous allez perdre souvent contre un tirage. Il est donc préférable de se coucher.
- Exemple II:
Vous possédez K♠ 10♠ au bouton. Trois joueurs suivent devant vous, la small blind se couche et la big blind checke. Le flop arrive avec A♠ 9♥ 5♠ . La big blind mise et les trois autres suivent. C’est dans ce cas que vous allez bénéficier du grand nombre de joueurs dans cette main: si un autre apparaît, vous posséderez alors le nuts et remporterez la main. Sinon vous n’avez de toute façon aucune chance. Ceci dit, étant donné que vous allez toucher votre couleur une fois sur trois et que vous êtes devant face à quatre adversaires, vous devriez relancer.
La taille du pot
Plus gros est le pot, plus haute sera la récompense si vous l’emportez. Vous pourrez donc en conséquence prendre plus de risques. C’est pour cette raison qu’il est préférable de se coucher lorsque vous doutez et que le pot est petit, mais qu’il est conseillé de suivre si le pot est élevé. Vous pouvez suivre la règle suivante: un pot contenant deux ou trois petites mises est un petit pot, un pot contenant entre quatre et sept petites mises est un pot moyen et un pot contenant huit petites mises ou plus est un gros pot.
Conclusion
Le flop changera souvent énormément la valeur de votre main. Il est très important d’apprendre à réévaluer la force de votre propre main en utilisant les catégories introduites dans cet article. Si une belle main de départ devient faible, vous devrez la coucher même si cela vous paraît difficile. Si une main faible au départ que vous avez checké en big blind prend soudainement de la valeur après le flop, alors vous devrez changer de rythme et relancer.