Stratégie en Table Finale du Sunday Special
Vous avez gagné un satellite pour le Sunday Special, avez survécu aux premiers niveaux, géré la bulle comme un expert et vous voilà en table finale. Félicitations ! Vous faites quoi maintenant ?
De toute évidence, les subtilités du jeu en table finale ne peuvent pas fait l’objet d’un seul article, mais nous allons essayer de couvrir les points essentiels. Tout d’abord, il est important de comprendre l’ICM, au moins de manière basique. Si vous connaissez cette notion, vous pouvez allez un peu plus bas dans l’article. Mais pour ceux qui ne sont pas bien sûr du concept, nous allons prendre un exemple purement imaginaire (et assez extrême) pour bien illustrer ce qu’est l’ICM.

Imaginons que vous êtes en table finale, avec 9 joueurs présents. Vous avez un tapis de 75 blinds et êtes en grosse blind. Le chipleader est à votre droite avec 125 blinds et les 7 autres joueurs ont exactement 1 blind (on a dit que c’était un exemple extrême). Tout le monde se couche jusqu’au gros tapis en petite blind qui fait tapis. Pour comprendre encore mieux cet exemple, disons que vous jouez un tournoi live et que vous savez que votre adversaire n’a pas regardé ses cartes. Vous rigolez et voyez QQ. Quel est le bon play ici ?
De toute évidence, QQ est une main favorite contre n’importe quelle combinaison de 2 cartes. Vous allez l’emporter 80 % du temps pour être exact. C’est pourtant un fold ICM évident. La différence entre la 9e et la 2e place est astronomique. Et si vous couchez toutes les mains face au chipleader, vous êtes assuré d’atteindre le Heads-Up final, vous assurant le gain de la 2e place. Si vous payez, vous allez doubler 80 % du temps et vous installer solidement à la place de chipleader. Mais 20 % du temps vous perdrez et sauterez en 9e position, ce qui est une véritable catastrophe quand les 7 autres joueurs sont quasiment morts et que le simple fait de vous coucher vous assure la 2e place (une fois en tête-à-tête vous pouvez toujours gagner). Voilà ce qu’est l’ICM. Les paliers et la répartition des jetons doivent dicter les bons plays, rendant certains folds corrects dans cette situation, là où ils seraient très mauvais en cash game.
Maintenant que vous savez ce qu’est l’ICM, voyons comment approcher la table finale en fonction de votre stack par rapport aux autres joueurs :
Gros Tapis :
En tant que gros tapis, vous pouvez vous attaquer aux tapis moyens sans problème. Essayez de voir comment se joue cette table finale. Si les joueurs semblent plutôt serrés, avec l’envie de ne commettre aucune erreur, alors jouez agressif pour voler un maximum de petits pots. Les tapis moyens sont les meilleures cibles pour ça, car ils se retrouvent dans une situation ICM difficile à devoir attendre que les short stacks soient éliminés. Evidemment, avec de bonnes mains, vous pouvez vous-même tenter d’éliminer les petits tapis. Soyez prudent lors des confrontations avec les autres gros tapis, vous ne voulez pas finir comme l’histoire du QQ de notre exemple un peu plus haut et terminer 9e.
Tapis Moyen :
En tant que tapis moyen, vous êtes sûrement le joueur qui peut le moins bouger. Vous savez que vous ne pouvez pas juste attendre des premiums pour espérer gagner le tournoi, mais il est également difficile de trouver de bons spots de steal. Les short stacks attendent une chance de doubler et si c’est contre vous, ils peuvent non seulement doubler mais aussi créer un nouveau short stack en cas de succès. Les gros tapis savent que vous ne voudrez pas sauter avant les petits tapis, appliquant ainsi une grosse pression ICM sur vous contre laquelle vous ne pourrez lutter qu’avec de très grosses mains. Les meilleures cibles pour vous sont en fait les autres tapis moyens, étant donné qu’ils subissent la même pression ICM que vous. Gardez en tête que l’agresseur est celui qui met la pression ICM sur un potentiel payeur. Si vous avez 15 blinds et votre adversaire aussi et s’il y a 2 ou 3 short stacks, veillez bien à être celui qui fait tapis. La pression ICM sur votre opposant l’obligera à coucher énormément de mains. Si vous effectuez un min-raise et qu’il fait tapis, la pression est désormais sur vous.

Short Stack :
Essayez de voir comment se joue cette table finale. Si les gros tapis et les tapis moyens jouent de manière très agressive, il est bon de se montrer patient et de resserrer votre range de shove. Après, si les autres joueurs semblent savoir ce qu’ils font malgré les apparences, vous ne pourrez pas attendre une grosse confrontation pour gratter un palier. Vous devrez choisir vos spots et être prêt à prendre des risques. Plus tôt vous trouvez un spot mieux c’est. Si vous faites tapis avec 7 blinds, vous aurez peut-être un peu de Fold Equity, ce qui vous permettra de prendre les blinds et les antes, ce qui serait énorme pour vous. Et si vous doublez, vous aurez 16 blinds, de quoi continuer à vous battre encore plus fort. Si vous attendez d’avoir 3 blinds, ou moins, vous n’aurez aucune Fold Equity étant donné que le joueur en grosse blind (au minimum) paiera avec n’importe quelle combinaison de 2 cartes. Et si vous survivez à cette main, vous remonterez à 7 blinds et devrez recommencer ! Ironiquement, les meilleures cibles pour faire tapis un peu plus light sont les tapis moyens. Ces tapis qui, s’ils payent et perdent, se retrouveront short à leur tour. Ils ont plus de pression que les autres, vous avez alors plus de Fold Equity contre eux.
Peu importe ce qui se passe, c’est génial d’atteindre la table finale du Sunday Special. Maintenant que vous y êtes, prenez quelques respirations profondes, soyez le plus détendu possible et concentrez vous sur vos adversaires pour savoir comment ils jouent. Quelles mains montrent-ils au showdown, comment ont-ils joué ces mains et faites attention en permanence aux tailles des tapis pour détecter les changements de dynamique de façon à savoir qui subit la pression ICM et qui la fait subir aux autres. Soyez patient, observez et prenez vos spots quand ils se présentent. Vous serez peut-être alors couronné champion du Sunday Special !