Friday, 29th March 2024 05:36
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Le secteur de l’Intelligence Artificielle ne se limite pas à apprendre à des ordinateurs la meilleure manière de résoudre un jeu. Les recherches dans ce domaine ont déjà abouti à de nombreuses applications dans la vie quotidienne.

L’Intelligence Artificielle désigne un terme générique qui englobe l’apprentissage et la résolution de problèmes par une machine.

Son développement est lié à l’amélioration des technologies informatiques. Plus de vitesse et plus de capacité de travail ont permis à l’ordinateur de singer le système cognitif humain qui permet de comprendre via l’expérience ou d’acquérir un savoir.

Les joueurs de poker entendent souvent parler de l’IA dans le contexte des programmes qui jouent à toutes sortes de jeux.

Les chercheurs utilisent depuis des années certains jeux pour tester l’« intelligence » de leur programme. D’abord pour des calculs mathématiques puis pour des raisonnements plus complexes.

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Ils ont commencé par le jeu de Dames.

Dans les années 50, plusieurs chercheurs des meilleures universités américaines ont mis en place des programmes assez malins pour jouer aux Dames.

Ces programmes fonctionnaient, les meilleurs donnaient du fil à retordre à leurs adversaires humains. Mais ce n’est pas avant 1994 qu’un programme de Dames nommé Chinook a dominé le champion Marion Tinsley.

Il a fallu attendre 2007 pour que les chercheurs déclarent les Dames « résolues ». Un terme qui indique que les meilleurs joueurs n’arrivaient plus qu’à faire match nul contre Chinook.

Echecs, Go… et Jeopardy ?

En 1997, IBM a développé un programme de jeux d’échecs nommé Deep Blue. Sa mission était de battre le champion du Monde Garry Kasparov.

Plus récemment AlphaGo, généré par le département de Google DeepMind Technologies, a battu un des meilleurs joueurs du monde. Cette fois sur le jeu de plateau de Go. Cette avancée significative de par la complexité du jeu « résolu » a eu lieu en 2015.

Le programme Watson d’IBM date lui de 2010. Ce software est capable de disputer une partie de Jeopardy!, il a même affronté les champions de la discipline Ken Jennings et Brad Rutter. (les connaisseurs se demandent comment Watson se débrouillerait contre James Holzhauer, https://www.pokerstars.com/en/news/jeopardy-james-falls-shy-of-record-other-near-misses/52059/.)

En ce moment des équipes travaillent pour créer des programmes capables de jouer à des jeux toujours plus complexes et se déroulant online. Un software appelé OpenAI Five a battu des joueurs de Dota 2 il y a quelques mois à peine.

Comme les Dames, les jeux d’échecs et le GO sont des jeux où toutes les informations sont accessibles par les participants.

Pourquoi l’IA poker est-elle différente ?

Au poker les joueurs n’ont pas toutes les clés en mains pour prendre leur décision. C’est un jeu d’informations incomplètes. Les cartes privatives sont cachées au Texas hold’em. Cela met en place plus de complexité et en fait un objectif pour les chercheurs en IA, ils veulent donner naissance à un programme capable de jouer avec les humains et de les battre.

Au début des années 60, le spécialiste Nicolas Findler a commencé à créer des programmes liés au poker, il a publié ses travaux dans des journaux. L’idée a même été le sujet d’un film de 1972.

Dans l’oeuvre de science-fiction Silent Running, un membre d’équipage d’un vaisseau spatial programme deux « drones » robots pour jouer au poker avec lui.

Après leur avoir appris les règles du jeu, ils jouent quelques mains. Quand un des robots gagne une main, le héros rigole, excité. La fin de partie semble indiquer que le robot se comporte bien comme un joueur humain.

Le duel entre l’Homme et les machines

Dans ce film, la partie se déroule en Five Card Draw. Plus tard dans les années 80 Mike Caro a utilisé un ordinateur Apple II pour créer un programme qui jouait la variante de Fixed-limit Texas Hold’em, puis il est passé en No-Limit Hold’em.

Il a appelé son programme ORAC (son nom épelé à l’envers), et ce dernier a capté l’attention des joueurs lors de démonstrations aux WSOP. Des vainqueurs du Main Event comme Tom McEvoy et Doyle Brunson ont disputé une partie.

Un autre match a opposé ORAC et Bob Stupak, la partie a même été diffusé à la télé.

Les universitaires continuent à chercher.

En 2007, la convention de l’Association pour l’avancement de l’Intelligence Artificielle s’est déroulée à Vancouver (Canada). Une démonstration intitulée le « First Man-Machine Poker Championship » a été mise en place.

Les professionnels de poker Phil Laak et Ali Eslami ont affronté le programme Polaris, développé par les chercheurs de l’Université d’Alberta qui était déjà à l’origine de Chinook.

La partie a eu lieu en Fixed-Limit Hold’em et les humains ont gagné. Mais une année plus tard, Polaris 2.0 a affronté d’autres joueurs humains… et a gagné.

Les chercheurs de l’université d’Alberta ont enfin créé Cepheus, un programme spécialisé dans le poker en Head’s Up en Limit Hold’em. Un programme imbattable sur le long terme par les meilleurs joueurs du monde.

D’autres chercheurs s’activaient à l’Université Carnegie Mellon et ont généré Libratus. Ce software affrontait des joueurs humains en duel, en No-Limit Holdem… et a battu quatre joueurs pro en début d’année 2017.

Ne reste plus qu’à résoudre le jeu en tables pleines.

L’IA au-delà du Jeu

Tuomas Sandholm est à l’origine du projet Libratus. Il a expliqué comment ces programmes de recherche n’ont pas vocation à résoudre des jeux ou à gagner au poker. Le but est de développer une Intelligence Artificielle capable de raisonner dans des situations où les informations sont incomplètes. Tout n’est pas à disposition, comme lorsqu’un humain doit faire face à une situation et la résoudre.

Le professeur Sandholm voit de nombreuses applications pour Libratus, « ce programme peut être employé dans des secteurs comme les négociations d’affaires, la stratégie militaire, la cyber-sécurité ou la médecine ».

Le gouvernement américain a d’ailleurs signé un accord avec l’université de Sandholm. En d’autres mots, l’avancement de l’IA va être jalonné par de nouveaux programmes qui donneront du fil à retordre aux meilleurs de la planète, et cela dans des jeux comme le poker.

L’impact de ces machines et de leur progression sur différents domaines de notre vie va s’avérer essentiel. Ces décennies de recherche dans le domaine de l’Intelligence Artificielle auront probablement une application dans chacun des moments de notre vie, encore plus que ce que nous pensons.

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