Friday, 29th March 2024 06:17
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Quelle est l’origine des symboles que l’on retrouve sur les cartes à jouer modernes? Les opinions varient quant au moment et à l’endroit où elles ont été introduites pour la première fois. L’occasion de plonger dans le passé…


Plusieurs théories s’affrontent mais quelques opinions font plus ou moins consensus quant au moment et à l’endroit où les cartes à jouer ont été vues pour la première fois. Certains historiens ont trouvé des références dans des cultures anciennes et les origines possibles de notre bon vieux jeu de cartes sont multiples.

Certains historiens évoquent notamment une pratique appelée  »belomancie » (du Grec Belos et pas du surnom de votre adversaire, Mister Boloss, ndlr), une sorte d’art divinatoire consistant à tirer des flèches en l’air et à interpréter l’avenir selon l’endroit où elles ont atterri. Il semble plus que possible que l’on joue avec des cartes éventuellement issues de ces flèches.

Les historiens ont fouillé le passé de civilisations anciennes et ils ont ainsi relaté comment les flèches utilisées en Corée au VIe siècle ont évolué dans le temps en htou-tjyen (ou Tujeon qui se traduirait en  »cartes à jouer de lutte »), un jeu dont on trouve des traces au 16e siècle. Ces cartes à jouer étaient alors essentiellement des bandes de papier avec des dessins uniformes d’un côté et des chiffres et des costumes de l’autre.

Les spécialistes ont décrit ces premières  »cartes » et certains des jeux joués avec elles avec précision. C’est en Chine qu’il semble que se trouve le point de départ des jeux de cartes (telles que nous les connaissons, en tout cas), aux alentours du IXe siècle.

À l’époque, les jeux joués avec ces cartes se confondaient logiquement avec d’autres jeux joués avec des tuiles, tels que les dominos et le mah-jong. Ces jeux se déclinent également souvent sous différentes formes, mais ils représentent néanmoins une sorte de première version des cartes à jouer.

Au cours des années, les échanges se multipliant, les cartes à jouer se sont frayer un chemin à travers l’Asie et ce jusqu’en Europe. Les cartes sont apparues en Inde, en Perse (Iran), en Égypte et dans d’autres endroits en cours de route, chaque culture locale adaptant son folklore das la conception de ses cartes.

Il est ainsi très intéressant d’étudier ce que chaque culture a placé au centre de ses jeux de cartes. C’est une mine d’or pour étudier quelles étaient les valeurs en vogue à telle ou telle époque et quels sont les symboles qui comptent dans une société donnée.

Par exemple, certaines des premières cartes chinoises incluent des personnages de contes populaires qu’on ne retrouvera plus ensuite car ils sont tombés dans l’oubli car moins modernes que d’autres héros. En Inde, où la divinité hindoue Vishnu est une des plus importantes, plusieurs cartes en représentent différentes incarnations.

Au même moment, en Europe, c’est le temps des Rois et des Reines. Ce sont les Nobles qui financent la culture et les cartes finissent par devenir les ‘cartes de la cour‘ que nous connaissons aujourd’hui.

En Allemagne, par exemple, les jeux traditionnels comportaient en fait quatre cartes de la cour (et non trois). Il y avait des rois et des reines, puis ‘over knaves’ (‘ober’) et ‘under knaves’ (‘unter’) — un peu comme deux variétés de valets. D’autres jeux européens ont également différents exemples de figures historiques locales, représentant souvent des dirigeants particuliers, passés et présents.

Enseignes, vous avez dit Enseigne ?

Avant d’aller plus loin, une explication s’impose. Les Enseignes se sont les quatre suites (couleurs) qui forment un jeu de carte. Pour les Français, il s’agira donc de Pique, Cœur, Carreau et Trèfle.

Quelle est l’histoire des enseignes des cartes à jouer ? Comment ces familles se sont imposées?

Les premiers jeux de cartes comportaient donc toutes sortes de symboles différents. Ils occupaient essentiellement la même place et avaient parfois la même signification que des enseignes plus modernes. Au lieu des couleurs que vous avez l’habitude de voir, vous pouviez trouvez des enseignes représentant des fleurs, des pipes, des boucliers, des flèches, des harpes, des couronnes, des sceptres, des étoiles, des plumes, des bâtons… et même des singes ! La liste paraît longue? Elle ne fait qu’effleurer la surface des différents symboles qui sont apparus sur les cartes durant les siècles précédents.

Les quatre enseignes modernes ont finalement commencé à surgir et à gagner du terrain.

Certains des premiers exemples d’enseignes de cartes à jouer allemandes comportaient des glands, des cloches et des feuilles, mais aussi des cœurs. Les enseignes de cartes à jouer italiennes comprenaient des calices, des pièces de monnaie et des épées, mais aussi des massues. Cocorico, il semble bien que c’est en France que le mélange final s’est effectué.

On attribue en effet généralement à la France les droit d’auteur d’avoir finalement créé des jeux comportant des trèfles (en anglais : clubs), des carreaux (diamonds), des cœurs (hearts) et donc des piques (spades). C’est au milieu du 16e siècle que les jeux français ont plus ou moins repris cette codification… et l’influence de la monarchie et son rayonnement ont rapidement influencé la conception des jeux dans d’autres pays européens.

Les jeux américains qui sont venus ensuite utilisaient généralement également les quatre enseignes modernes. Ces enseignes étaient certainement bien en place au moment où le poker a été introduit aux États-Unis au début du 19ème siècle.

Au fil des années, les fabricants de cartes ont fait des expériences et ont tenté de créer des jeux de cartes à jouer aux couleurs différentes. Au cours des années 1930, la United States Playing Card Company a mis en circulation un jeu de 65 cartes auquel on a ajouté une cinquième couleur… des aigles, imprimés en vert! Il y avait un jeu similaire en Angleterre produit à peu près à la même époque avec une cinquième enseigne qui était elle en bleu… et représentant des couronnes!

Vous le savez déjà, la tendance n’a pas fait l’unanimité et les jeux de cartes dans le poker sont presque uniquement formés des quatre couleurs standard.

Au Texas hold’em sans limite de pot, les quatre couleurs ont la même valeur. Par exemple, une des meilleures mains du Texas Hold’em c’est la quinte flush royale, mais une quinte flush royale à pique vaut la même chose qu’une quinte flush royale à cœur (ou toute autre couleur), il n’y a pas de bonus supplémentaire de vos adversaires si vous tablez ce bijou avec des trèfles…

Alors que les enseignes sont essentiellement interchangeables en ce qui concerne le classement des mains au Texas Hold’em, il existe des jeux de cartes où l’ordre des combinaisons de cartes à jouer est important. Lorsque c’est le cas, les piques sont généralement classés au premier rang, suivis des cœurs, puis des carreaux et enfin les trèfles.

En fait, en y réfléchissant bien, le classement des couleurs apparait parfois au poker. Par exemple, au razz où il faut former le jeu le plus faible. Le joueur avec la door card la plus élevée doit payer le bring-in et si deux joueurs sont à égalité et leurs adversaires peuvent ainsi observer un Roi, on utilisera les enseignes pour les départager. Pour déterminer celui qui paie le bring-in, nous utiliserons le classement traditionnel des suites… pique – cœur – carreaux – trèfles.!

Dans tous les cas, au fil des années, les enseignes et les symboles ont certainement ajouté un élément esthétique important au design de cartes à jouer. En plus de leur importance pour le déroulement de la partie, elles ont fait des jeux un objet qui se collectionne et pour lequel on sollicite les artistes. Des cartes dessinées par Dali étaient ainsi disponibles aux enchères il y a quelques mois!


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