Avez-vous déjà remarqué comment certains joueurs semblent toujours agir en dernier pendant une main de poker ? Ce n’est pas un hasard.
La position au poker est probablement l’aspect le plus sous-estimé du jeu, mais paradoxalement l’un des plus puissants. Et croyez-moi, maîtriser ce concept peut transformer complètement vos résultats.
Comprendre l’importance de la position au poker
Pourquoi la position est votre meilleur atout
La position, c’est vraiment le nerf de la guerre au poker. Quand vous agissez après vos adversaires, vous disposez d’informations cruciales qu’ils n’ont pas. Imaginez jouer aux échecs en connaissant à l’avance le coup de votre adversaire… C’est exactement ça !
En position tardive, vous pouvez :
- Voler les blinds plus facilement
- Bluffer de manière plus rentable
- Prendre des décisions plus éclairées
- Contrôler la taille du pot
J’ai souvent constaté que même des mains moyennes deviennent profitables simplement grâce à l’avantage positionnel.
Une paire de 8 au bouton peut valoir plus qu’une paire de Valets jouée depuis l’UTG. Fou, non?
Comment la position influence chaque décision
Au poker, chaque jeton misé raconte une histoire. En position, vous êtes le dernier à ajouter votre chapitre, ce qui vous donne un contrôle énorme sur la narration.
Vous pouvez choisir de checker derrière quand vous sentez du danger, ou d’appuyer sur l’accélérateur quand vous détectez de la faiblesse.
La position affecte littéralement tout – vos éventails d’ouverture, vos stratégies de c-bet, vos décisions sur la river… Bref, tout. Un pro va jouer la même main différemment selon qu’il est en position ou hors position.
Les positions au poker expliquées (table complète)
Sur une table standard de 9 joueurs (full ring), les positions sont réparties comme suit :

Les positions au poker
Positions Précoces (Early Position)

Under the Gun (UTG)
C’est la position la plus ingrate du poker. Vous parlez en premier pré-flop et vous êtes le plus éloigné du bouton. Depuis l’UTG, soyez sélectif – très sélectif.
Pensez aux paires hautes, AK, AQ, et laissez tomber toutes ces mains marginales qui vous mettent dans des situations compliquées.
Personnellement, je joue environ 12% de mes mains depuis l’UTG. Certains pros descendent jusqu’à 8%. Mais soyons honnêtes – quand vous débutez, mieux vaut pécher par excès de prudence.
UTG+1 et UTG+2
Légèrement meilleures que l’UTG mais toujours des positions à aborder avec prudence.
Vous pouvez ajouter quelques mains connectées de même couleur et quelques paires moyennes à votre éventail, mais restez discipliné.
Positions Intermédiaires (Middle Position)

Lojack – Stratégie et mains optimales
Anciennement appelée MP1 (middle position 1), le lojack marque la transition vers des positions plus confortables.
Vous pouvez commencer à élargir votre gamme avec des connecteurs assortis (89s, 9Ts), des petites paires, et des As de moindre qualité.
Le lojack est cette position où vous commencez à pouvoir voler les blinds occasionnellement, sans pour autant avoir l’aisance des positions tardives.
Hijack – L’art de voler les positions tardives
Le hijack est l’antichambre des positions de rêve. De nombreux pros commencent leurs manœuvres agressives à partir d’ici.
Si les joueurs aux positions tardives ont tendance à se coucher facilement, le hijack devient un spot idéal pour lancer des attaques.
En tournoi, quand les blinds augmentent, le hijack devient crucial pour maintenir votre stack. Vous pouvez y relancer avec environ 25-30% de vos mains si la table est serrée.
Positions Tardives (Late Position)

Cutoff – La position pré-bouton
Ah, le cutoff ! C’est ici que la magie commence vraiment. Si le bouton est le paradis du poker, le cutoff est son antichambre luxueuse. Vous n’avez que le bouton et les blinds après vous, ce qui vous donne une liberté considérable.
Depuis le cut-off, vous pouvez :
- Ouvrir avec un éventail large (30-40% des mains)
- Relancer après qu’un joueur en position précoce a limpé
- Tenter des 3-bets légers contre les ouvertures du hijack
C’est la position où l’on commence à jouer réellement offensif, et où la valeur de position compense souvent la force relative des mains.
Bouton (Dealer) – La position idéale
Le Saint Graal des positions. Assis derrière le bouton, vous avez atteint le nirvana positionnel. Vous parlez en dernier après le flop et disposez d’informations maximales.
Au bouton, on peut ouvrir jusqu’à 50% des mains (voire plus contre des adversaires serrés). Des mains comme K5s ou 86s, normalement injouables depuis l’UTG, deviennent rentables grâce à l’avantage positionnel.
Un conseil que mon mentor m’a donné: « Quand tu doutes sur le bouton, relance ». Il exagérait un peu, mais l’idée est là.
Les Blinds

Petite Blind – Naviguer dans une position difficile
La petite blinde (small blind) est un cas particulier. Vous avez déjà investi une demie-blinde, mais vous parlerez en premier post-flop – le pire des deux mondes !
En petite blinde, soyez particulièrement sélectif quand vous complétez face à un limpeur. Contre une relance, à moins d’avoir une main forte, le fold est souvent votre ami. Et si tout le monde a passé jusqu’à vous, un steal (vol) contre la grosse blinde peut être profitable.
Grosse Blind – Stratégies de défense efficaces
En grosse blinde (big blind), vous avez le désavantage positionnel, mais l’avantage d’avoir déjà investi. Cela modifie complètement la math du poker.
Face aux vols du bouton et du cutoff, défendez-vous plus largement qu’ailleurs – mais attention aux pièges post-flop où vous jouerez systématiquement hors position.
Positions au poker en format 6-Max
En 6-max (table à 6 joueurs), chaque position devient relativement plus tardive. L’UTG en 6-max équivaut presque au lojack en full ring. Résultat? Vos éventails de mains (ranges) s’élargissent considérablement.
Le jeu 6-max est généralement plus agressif, avec des 3-bets (sur-relances) plus fréquents et des confrontations plus directes. La valeur de la position y est encore plus prononcée.
Ajustement des ranges par position en 6-Max
En 6-max, adaptez vos éventails comme suit :
- UTG : Jouez environ 20% de vos mains (contre 10-12% en full ring).
- MP : Élargissez jusqu’à 25-30%.
- CO : Ouvrez facilement 40-45% des mains.
- BTN : Jusqu’à 60% des mains peuvent être jouables.
Stratégies avancées par position
Eventails d’ouverture recommandés par position
Pour simplifier, voici une approche de base pour chaque position :
- UTG : Paires 77+, ATs+, KQs, AJo+.
- MP : Paires 55+, A9s+, KTs+, QJs, ATo+.
- CO : Paires 22+, A5s+, KTs+, QTo+, connecteurs assortis.
- BTN : Pratiquement toutes les paires, Ax, connecteurs, cartes assorties.
- SB : Similaire au CO mais avec prudence, car vous serez OOP (hors de position)..
- BB : Défendez largement, mais soyez conscient du désavantage positionnel.
Ajuster sa stratégie selon le type d’adversaires
Face à des joueurs serrés, volez plus souvent. Contre des calling-stations (machines à suivre), réduisez vos bluffs et valorisez davantage vos mains fortes.
La beauté du poker vient de sa flexibilité. La position vous donne le cadre, mais c’est à vous d’adapter votre jeu aux adversaires.
Exploiter la position post-flop
Post-flop, l’avantage positionnel devient encore plus flagrant. En position, vous pouvez :
- Faire des continuation bets plus rentables
- Float (suivre avec l’intention de bluffer plus tard) efficacement
- Extraire plus de valeur avec vos mains fortes
- Abandonner à moindre coût quand vous ratez le board
Questions fréquentes sur les positions au poker
Quelle est la meilleure position au poker ?
Sans surprise, le bouton est la position optimale. Vous parlez en dernier post-flop et avez toutes les informations pour décider. Des études montrent que le ROI (retour sur investissement) au bouton peut être jusqu’à 4 fois supérieur à celui UTG pour un même joueur.
Comment jouer efficacement depuis la petite blind ?
Limitez vos pertes ! La small blind est un gouffre financier pour la plupart des joueurs. Soyez très sélectif, et n’hésitez pas à sur-relancer ou vous coucher, plutôt que de compléter qui vous place dans des situations difficiles post-flop.
Quelles mains jouer depuis le lojack ?
Le lojack permet d’élargir un peu: 88+, ATs+, KQs, AJo+ sont des bases solides. Vous pouvez y ajouter quelques connecteurs assortis comme 89s ou T9s contre des tables serrées.
Alors, prêt à utiliser la position comme votre arme secrète ? Souvenez-vous que dans le poker moderne, comprendre et exploiter la position peut faire toute la différence entre un joueur qui gagne autant qu’il perd, et un véritable gagnant. Alors la prochaine fois que vous recevez K9o au bouton, souriez – vous pourriez bien tenir un trésor positionnel !
LECTURE COMPLÉMENTAIRE
- Comprendre « Le Cut-Off » au poker
- Comprendre « Le Hijack » au poker
- Comprendre « Le Bouton » au poker